Objectivité

17-08-2013 à 10:32:11
Bonjour,
je parcours la montagne depuis plus de trente. Passionné par la faune, je suis tout naturellement concerné par le retour de l'ours.
Pour être crédible, il faut savoir regarder la situation avec objectivité.
Nous avons longuement discuté avec un jeune éleveur de 36 ans sans terre qui passe l'hiver dans l'Aude et loue une estive 2K€ en Val d'Aran. La transhumance pour ses 1300 bêtes lui coute 2 fois 6K€. Il a du quitter le Mercantour à cause du loup. Depuis le début de la saison, l'ours lui prélève en moyenne deux brebis par semaine. Ceci malgré sa présence permanente en estive avec ses trois patous. Il ne semble nullement gêné par la présence des chiens et continue ses prédations même en présence des chiens. Ce sont plutôt les patous qui se tiennent à distance, seul un labrit qui en voulait à nos mollets semblait plus agressif. NOus avons vu les photos faites au téléphone par le berger. Pour éviter de faire trop de dénivelé il a laissé une tente plus haut dans laquelle il passe quelques nuits, au lieu de dormir dans la cabane. Cette tente a été détruite par l'ours dans la semaine, c'est vrai qu'il y avait de la nourriture dedans mais il y avait aussi son odeur. Pour finir de planter le décors de nombreux vautours sont posés au dessus de la cabane au moment même ou nous discutions.
Dés qu'une brebis est morte elle disparait dans l'heure qui suit, il n'a pu se faire indemniser que deux animaux.
Ce gars là estime ses revenus à 1000€ par mois. Il a l'intention de cesser l'activité à la fin de le saison et de vendre son troupeau. Nous commettons une "erreur" en annonçant que les pertes dues à l'ours ne représentent que 0.1% des pertes en estives. Ceci est vrai si nous considérons toutes les vallées. N'oublions pas que l'ours est absent de la plupart de la chaine. Si l'on rapporte la prédation aux zones concernées, ce taux est beaucoup plus élevé. Si on le ramène aux bergers concernés, ce taux peut s'avérer critique.
Ce n'est pas parce qu'il y a des extrémistes qui combattent l'ours qu'il faut nous aussi tomber dans la pensée unique.
Il faut à tout prix obtenir un transfert d'une partie des subventions européennes accordées aux gros céréaliers, vers ces petits éleveurs. Leur présence est indispensable au maintient des paysages montagnards. Nous constatons à toutes nos sorties la fermeture de la montagne. Lorsque le pastoralisme régresse, les chemins se ferment, la fougère et le genêt interdisent tout accès aux étages supérieurs.

Christian

http://faunedespyrenees.free.fr








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