après les réintroductions, les déplacements...

03-05-2020 à 03:53:10
Bonjour,

remarque préliminaire : il n'est plus possible de s'inscrire sur le forum ? pourtant beaucoup y viennent en "invités" sans pouvoir poster...

Après le décès de Cachou, dont la naissance posthume, de Balou, nous avait redonné espoir à l'époque, je vous fait part de mes interrogations.

La population telle que n'est pas viable à moyen terme (au moins génétiquement).

J'imagine que les spécialistes ont bien sûr réfléchi à la possibilité de déplacer les ours au sein des Pyrénées, en particulier lorsque Néré et Cannelitto étaient isolés. Ces études sont-elles accessibles au grand public ?

Sans ces études, je ne comprends pas que l'on ne profite pas de la diversité génétique de Néré, Cannellito, Sarousse et les autres (ex.  issus de Bambou). Il n'y aura pas à court terme de nouvelles réintroductions. Pourquoi ne pas déplacer des femelles dans la zone de Cannelitto (par ex. les femelles dites stériles Callisto, Sarousse, et une femelle du style Nheu), mettre Néré à la place de Pépite (que l'on mettrait en Béarn, ou avec Sarousse) etc etc. Tout pour favoriser des naissances d'individus importants génétiquement. On dit que Sarousse a fréquenté Pyros, elle n'a pas eu d'oursons, mais peut-être est-elle simplement peu fertile (Sorita n'a pas eu d'oursons cette année et pourtant...). Néré est de 1997, cela lui fait déjà un certain âge (d'ailleurs si il pouvait avoir une portée avec Caramelles de la même année : le rêve).

Ce que je veux dire, c'est que sans nouvelles réintroductions il y aurait pourtant moyen d'intervenir pour diversifier la population. Nous sommes intervenus dans le but de réinstaurer une population, pourquoi ne pas aller plus loin (à la manière des zoos, ou du programme des lynx ibériques avec reproduction en enclos). Je vais moins loin : pourquoi ne pas essayer de déplacer des ours ?

Rappelez-vous quand Cannelitto avait "disparu", qu'on le croyait mort... On se lamentait comme c'est le cas aujourd'hui avec la mort de Cachou. Pourquoi ne pas donner toutes ses chances à cet embryon de population.

Voilà, je pense que vous avez compris ce que je voulais dire, donc quelles sont les raisons qui font qu'on n'agit pas en ce sens ? Quels seraient les inconvénients à tenter cette chance ?

Cordialement, une néophyte
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05-05-2020 à 17:28:32
Bonjour Marion,

1/ La population telle que n'est pas viable à moyen terme ? 
C'est vrai statistiquement et théoriquement comme une étude l'avait indiqué. Après il s'agit de statistiques ... la population des Abruzzes en Italie est isolée, est une des populations les plus consanguines au monde avec quelques dizaines d'ours (une quarantaine environ)... et malgré tout les femelles continuent d'être étonnement fécondes.
Les portées de 3 oursons ne sont pas rares... 
Maintenant je te rejoins.... le fait de brasser génétiquement la population actuelle ne peut que lui faire du bien.

2/ Pour les études sur les déplacements ou les chances de survies en fonction des scénarios, tu peux trouver cela:
[url=http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/pdf/Chapron_et_al_2009.pdf]http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/pdf/Chapron_et_al_2009.pdf
[/url][url=http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Expertise_collective_scientifique_-_L_ours_brun_dans_les_Pyrenees_cle2c4c1b.pdf]http://www.occitanie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Expertise_collective_scientifique_-_L_ours_brun_dans_les_Pyrenees_cle2c4c1b.pdf

[/url]3/ Marion, nous sommes maintenant à plus de 50 ours sur le massif ... et contrairement à il y a encore 4-5 ans où on distinguait une zone occidentale et une zone centrale ... il n'y a plus qu'une zone, et des femelles dans chacune avec les réintroductions de Claverina et Sorita.
Les mâles Néré, Canelito, Goiat cotoient donc tous des zones où des ourses sont présentes. Même sans les dernières réintroductions, Canelito et Néré ont été repérés plusieurs fois dans les Pyrénées centrales depuis 3 ans. 
On va juste prier maintenant pour que l'un d'eux se reproduise, que Claverina et Sorita aussi et que ce noyau grossisse... mais il n'y a plus lieu de faire des transferts qui peuvent être traumatisant pour les animaux, qui amènent souvent à ce qu'ils soient beaucoup mobile, à la recherche d'un nouveau territoire, et beaucoup plus prédateur.... beaucoup d'inconvénients pour peu d'avantages au regard des dernières réintroductions (mais je ne t'aurais pas dit ca il ya 4 ans ;-))

Pour Sarousse, c'est un peu plus compliqué... elle est ou a été dans des zones avec des mâles ... Elle a notamment croisé Pyros, comme tu l'as écris, mais n'a jamais donné naissance.
Peut être est ce elle sur la commune de Bielsa avec une portée de 2 oursons (à confirmer) ... mais à plus de 20 ans, il serait exceptionnel qu'elle donne naissance à une 1ère portée... même si j'ai été très étonné par Caramelles qui a eu une nouvelle portée en 2019.

Personnellement, je pense qu'il faudrait encore 1-2 mâles et 3-4 femelles (1 proche Andorre, 2 proches Laruns, et éventuellement 1 dans la zone centrale vers Bagnere de Luchon)  pour assurer la survie à long terme de la population. Mais c'est plus un rêve ... et plus la population grossit, plus un nouveau renforcement sera difficile à faire passer. 
Je sais que les Espagnols évoquent maintenant la possibilité de basculer des oursons orphelins, des ours blessés et soignés des Cantabriques vers les Pyrénées... a voir.
05-05-2020 à 19:37:11
Oui si on veut donner de la crédibilité à l'ours en tant qu'espèce sauvage, il faut arrêter de jouer aux apprentis sorciers et avoir une gestion qui ressemble comme tu le dis à celle des zoos. Ce serait du pain béni pour les opposants.
Comme l'a expliqué teddy bear, les échanges entre les noyaux se font depuis quelques années contre 1 seul en 20 ans auparavant (Néré) au point qu'on considère qu'il n'y a plus qu 'un noyau. De même, il est temps que l'on arrête de donner des noms aux oursons et on aura alors fait un pas important dans la réhabilitation de l'espèce. On croisera un grand mâle, une femelle suitée ou un subadulte comme on croise un isard mâle, un pitou ou un éterlou...La personnification est tentante et même plaisante pour ceux qui suivent mais elle n'est pas pertinente pour l'espèce.
09-05-2020 à 21:09:27
Bonjour, merci de vos réponses :-), et désolée du délai de la mienne...

@teddy : concernant la population des Abruzzes elle est tellement consanguine que sauf erreur désormais considérée comme une sous-espèce avec des caractères dus à cette consanguinité, mais elle se reproduit bien c'est vrai...

Teddy Bear:
le fait de brasser génétiquement la population actuelle ne peut que lui faire du bien.
nous sommes d'accord

Merci pour les liens, je vais aller lire cela de près.

Concernant le "il n'y a plus qu'une seule zone" depuis le bilan ROB 2018 : de mon point de vue c'est très fragile. Cannellito semble être dans une zone tampon, entre les deux anciens noyaux, sans femelles. Sorita ne s'est pas reproduit cette année - et cela me semble inquiétant car sauf erreur depuis le début du suivi intensif dans les Pyrénées les ourses ont régulièrement des portées tous les deux ans, ou chaque année si infanticide - dans le cas de Sorita infanticide et fréquentation de Rodri et Néré ensuite et pourtant... Claverina, à vous lire, ne serait pas suitée non plus. Néré devient âgé, bientôt tout reposera sur Rodri qui peut disparaître. Bref, à suivre, mais il est possible (je ne dis pas probable) que dans un avenir très proche on se retrouve avec uniquement deux femelles qui n'ont pas eu d'oursons, et sans mâle, dans l'ancien noyau occidental. Comme il y aura plus d'ours à l'est, certains mâles se disperseront à la manière de Rodri peut-être mais... on perd du temps. On a perdu de longues années avec Néré et Cannellito et là ce n'est pas gagné.

Donc je maintiens @yoch : on ne peut faire la même chose avec des ours qu'avec des lynx ibériques, mais selon moi on aurait dû forcer la restauration de notre population à partir du moment où ont été décidées les réintroductions. Le fait que cela se fasse sur un terme trop long avec beaucoup d'incertitudes ouvre encore plus la voie à ceux qui contestent le bien-fondé de ces réintroductions.

Espérons que Néré se soit reproduit en partie orientale, et qu'il n'y ait pas eu infanticide de la part d'un autre mâle bien implanté.

@yoch : le fait de prénommer les oursons permet à mon sens l'adhésion du plus grand nombre dans un premier temps (éducation).

Au sujet des anti-ours, je me pose quelques questions, je ne suis pas du tout spécialiste. On parle beaucoup des éleveurs en Ariège. D'abord, est-ce que vous savez si les éleveurs sont indemnisés si les troupeaux ne sont pas protégés ? Ensuite, on ne donne pas suffisamment la parole aux éleveurs qui acceptent la cohabitation.  L'opposition aux ours me semble être irréductible dans le sens où les positions sont essentiellement extrémistes. Ces éleveurs se revendiquent du pastoralisme mais où sont les pasteurs justement ? Je peux comprendre leur attitude si ils ont grandi à une époque où l'ours était encore vu comme une espèce nuisible, chassable etc... Où on ne parlait pas encore de biodiversité. Et justement : est-ce que cette opposition est générationnelle ? Ne concernerait principalement que des personnes d'un certain âge ? Je me dis qu'il y a une action d'éducation dans les écoles et que la vision de l'ours peut être différente chez les jeunes, reconnaissant par ex. que leurs produits (fromage par ex.) pourraient bénéficier du patrimoine "ours". Est-ce que les seuls opposants à l'ours sont des éleveurs, ou existe-t-il d'autres profils, par ex. des randonneurs qui auraient peur de l'ours
 Il me semble que Cannellito est installé dans une zone où la population était plus favorable aux ours, où les autorités soutenaient les premières réintroductions, donc je maintiens : il faut lui envoyer des femelles, forcer le destin. Il n'y a pas d'autres mâles, ce pourrait être une zone de tranquillité avec des ours génétiquement différents qui se mêleraient dans le futur aux autres. On a perdu Balou, Cachou est né. Maintenant Cachou est mort. Aura-t-on la surprise d'un - au moins un - ourson de Cachou dont il faudra encore s'en inquiéter jusqu'à ce qu'il se soit reproduit avec succès... Non, décidément, la population pyrénéenne est extrêmement fragile à moyen terme. Merci @Teddy d'indiquer que les espagnols évoquent le transfert d'ours cantabriques.
Quoiqu'il en soit, pour en revenir aux opposants, je me demande comment vont réagir ces éleveurs lorsque le loup se réappropriera l'espace pyrénéen (il me semble avoir vu récemment le cas d'un premier loup vu en Ariège), ce qui me semble inéluctable (sauf chasse). Le loup me semble une autre paire de manches que l'ours pour les brebis.

Enfin, concernant la diversité génétique de la population, reste le cas des Bambou, Fadeta, Patoune et autres : le côté espagnol. Si j'ai bien compris il y a très peu d'analyses génétiques du côté espagnol. Espérons effectivement que Néré, Goiat soient les pères de portées. Et que certaines ourses, comme Patoune, aient échappé aux suivis qui sont moindres côté espagnol à ce que, là aussi, je crois comprendre. Et si Noisette ou Pollen étaient vivantes ? ou aient eu des oursons ? lol ;-) Quelle est cette ourse suitée, si c'est avéré, sur Bielsa ? ;-)
10-05-2020 à 12:47:49
Merci de refaire vivre un peu ce forum qui n'as pas d'équivalent. 
La population est fragile génétiquement cela signifie qu'elle a de plus forte chance d'être sensible à la maladie ou l'apparition de tare génétique t'elle l'infertilitée . Elle est viable vu sa dynamique pour tous les opposants ils devront faire avec qu'il y ai des introductions ou non.
Malheureusement il y peu d'espoir d'avoir de nouveau lâcher. Les plus crédibles sont le remplacement d'Ours mort de causes humaines ou le recueil d'Ours orphelins . On a aussi une affection pour Cannelito et on aimerait beaucoup qu'il ai une descendance.
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